mercredi 27 février 2013

Coup de vieux

Longtemps, j’ai eu le sentiment que les bébés, les enfants, les jeunes, les adultes et les vieux étaient des personnes d’espèces complètement différentes. La preuve, d’ailleurs : ils ne se comprennent jamais. Certains étaient jeunes, d’autres enfants, adultes ou vieux, de toute éternité. J’avais du mal à imaginer qu’une sage grande-mère avait été une ado amoureuse, ou qu’un bébé mignon se transformerait un jour en banquier à cravate.

En ce qui me concernait, c’était facile : j’étais jeune. Je le savais bien, parce que ça faisait déjà un bon bout de temps, que j’étais jeune. Les adultes, les gens mûrs, les vieux, tout ça, c’était un autre type de personnes. Charmants au demeurant, avec qui j’arrivais même à communiquer, mais enfin… On n’était pas pareils, quoi, fondamentalement, et on ne le serait jamais.

Puis, à Noël, j’ai offert à ma nièce de 13 ans une broche Hunger Games. Ouais je sais, trop classe comme cadeau. C’est normal, moi aussi je suis jeune.

Je l’ai vue alors lutter pour l’accrocher à son revers « Mais c’est quoi ce truc ? » Moi, bienveillante : « Ben, c’est un pin’s ! ».
Et elle de me répondre : « Je sais pas comment ça se met, moi, un pin’s ! »

Et soudain j’ai compris. Je me suis vue à son âge, bandana autour du cou, avec ma veste en jean couverte de pin’s, mon walkman en poche avec une cassette de Goldman dedans. Et j’ai vu cette gamine-là me regarder d’un air désolée, comme l’adulte que j’étais.


Salut le débris!


Je lutte encore, hein, j’arrive parfois à faire illusion, mais je sais bien que plus le temps passera, moins on se comprendra, avec les jeunes. Que bientôt mes enfants, comme la fille de ma copine Marie Poulette, seront épatés de découvrir pourquoi on dit « tirer la chasse d’eau » alors que maintenant on la pousse. Qu’elles se demanderont pourquoi je me tapote le poignet quand je demande l’heure, et ce que c’est que ce drôle de dessin sur lequel on doit cliquer pour enregistrer un document.

Et histoire de m’achever tout à fait, aujourd’hui je suis tombée sur ce paragraphe et sa magnifique illustration, dans un livre d’histoire de CE2. Voilà voilà. Moi je m’achetais des bonbecs avec, et maintenant c’est des reliques historiques.  

Notez bien le mot "ancêtres"

2 commentaires:

  1. super bien rédigé et tellement réaliste !!! moi j'ai encore plein de pièces ancêtres de francs...lol
    ouais, quand les vieux nous disaient "tu verras quand tu seras grande", on se disait "pffff et ben quoi !"...et maintenant quand je parle à mon frère de 7 ans, ou à mon filleul de 4 ans....j'évite le "tu veras quand tu seras grand", je dit plutôt "ha ouais j'le savais ! c'est trop bien ton jeu ! biensûr que je connais" lol
    Bravo pour ce superbe article :-)
    Alice

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  2. Pour l'instant elle adore quand je lui dis "Je jouais à ça quand j'étais petite" ou "je regardais ça quand j'étais petite". Je redoute le jour où cela sera juste synonyme de "c'est trop naze"...

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