lundi 21 janvier 2013

L’anti-test produit #1 : Les vêtements à étiquettes magiques


Préambule n°1 : Parce qu’ici on n’a pas peur des défis et on vise la fidélisation de la clientèle, nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle rubrique ! Youpi. Des tests de produits pour bébés, vous en trouverez partout, sur tous les blogs, tous les sites, tous les forums, tous les partout, c’est à croire qu’internet a été inventé pour permettre aux mamans de choisir leur poussette (mais comment faisait-on avant !) Mais comme je ne fais rien comme tout le monde, j’ai décidé de vous offrir en exclusivité mondiale et interplanétaire le premier anti-test produit. Ou comment expliquer pourquoi nous n’avons PAS besoin de ce produit magique et indispensable sans lequel aucune mère ne saurait être parfaite, aucun enfant épanoui. Accrochez-vous, ça va dépoter.

Préambule n°2 : Avant de jeter tout le contenu de tes placards par la fenêtre ou de m’écrire des messages indignés sur le thème « Mais enfin grognasse, tu connais rien à la life, moi je m’en sers tous les jours de mon nettoyeur d’oreilles à ondes infrarouges, et je le recommande à toutes celles qui m’entourent, c’est ce type d’objet qui fait avancer la civilisation, comment oses-tu priver tes enfants de ce confort essentiel sans lequel tu nous ramènes tous au Moyen-Âge ?!? », rappelle-toi que je suis de mauvaise foi. Je sais bien qu’il y a des tas de gadgets qui nous changent la vie, qu’il faut remplir les listes de naissance, donner aux grands-parents des occasions de dépenser leur retraite et faire travailler les banquiers.
Et même s’il y a des jours où j’aimerais vivre dans une yourte, nourrir mes enfants des légumes de mon potager et leur confectionner des vêtements avec la peau de nos chèvres, en réalité, moi aussi, j’en ai plein les tiroirs, des gadgets indispensables.
Mais j’en ai quand même un peu ras le pompon des pubs, communications presse et autres discours qui nous expliquent qu’il est impossible d’élever son enfant sans tel ou tel produit, ou pire, qu’on fait du mal à notre enfant si on ne l’utilise pas…
Les seules choses indispensables pour un bébé, ce sont les bras de quelqu’un qui l’aime, de quoi le nourrir, l’habiller et le faire dormir. Pour le reste, il y a des tas de choses pratiques, ingénieuses, utiles, efficaces… mais pas indispensables.

Sache, lecteur, que les soirs de semaine, à l’heure du bain/repas/ménage/dépêche-toi-on-est-à-la-bourre, j’aime créer un environnement audiovisuel intellectuel et stimulant pour permettre à mon cerveau de réfléchir sur des grandes problématiques de société. Bref, je regardais 100% mag.

Et j’ai entendu que l’on parlait de cette marque dont j’avais déjà lu des nouvelles ici et là : Mysenses. Pour ceux du fond qui n’écoutaient pas, il s’agit d’une marque de vêtements pour bébés avec étiquette magique.
Non non, pas une étiquette que les bébés n’aimeraient pas mâchouiller, ni une étiquette qui ne gratte pas dans le cou (la technologie n’est pas assez avancée pour ça.)
Non, c’est une petite vignette apposée sur le vêtement et qui, selon le cas, vous indique s’il y a trop de soleil dehors, s’il fait trop froid, si l’eau du bain est trop chaude, ou si le bébé a de la fièvre. Une sorte de flux RSS pour bébé, quoi, toujours à la pointe de l’information.

En voyant ça, mon imagination s’est mise à vagabonder :

Décor : un bureau gris et blanc, tout en haut d’une tour, avec baie vitrée et vue sur Manhattan (oui, toute ma connaissance du fonctionnement des entreprises vient des films américains, et alors !)



Personnages : Un créatif, un responsable du marketing, un stagiaire (candide), des investisseurs (à l’écoute)

Le responsable marketing : Bonjour tout le monde. Nous vous avons réuni aujourd’hui pour préparer le lancement de notre nouveau projet : une marque de vêtements pour bébés ! (applaudissements).

Le stagiaire : Ah, ça c’est chouette, ça… nan parce qu’il y en a pas beaucoup en plus…

Le responsable marketing : Afin de nous positionner en leader sur ce marché très concurrentiel, il nous faut nous démarquer. Stagiaire ! Quels sont les atouts de nos produits ?

Le stagiaire, bafouillant : Alors, euh, on a fait appel à des designers et… les vêtements sont jolis… et puis solides, aussi, confortables… c’est important, ça, confortables…

Le responsable marketing : Certes certes, mais cela ne suffit pas… Créatif, nous vous écoutons.

Le créatif : Mes chers investisseurs, nous avons longuement réfléchi. Nous avons déjà depuis longtemps l’habitude d’effrayer les mamans pour les faire dépenser leur argent. Nous leur avons fait peur du BPA pour qu’elles achètent des biberons et des assiettes, peur du vélo pour qu’elles achètent des casques,  peur des OGM pour qu’elles achètent des petits pots bio… De quoi pouvions-nous bien leur faire encore peur ?!?

Le responsable marketing : et c’est là que monsieur (sourire modeste) a eu une idée de génie !


Le créatif : oh, merci cher ami. Voilà, je me suis dit : et si nous leur faisions peur… des éléments naturels ? L’air, l’eau ? Voilà quelque chose à quoi on ne peut pas échapper ! C’est ainsi que nous avons développé notre gamme de vêtements qui vous indiquent quand il fait trop chaud…

Le stagiaire : Oh, c’est drôle ! Ah, pardon… ce n’est pas une blague ? Mais, euh, quand il fait chaud, ben… on sent bien qu’il fait chaud, non ?

Le créatif, lui faisant signe de se taire : Oui oui… cette vignette indispensable vous indique surtout quand il y a trop d’UV dangereux pour la fragile peau de vos enfants…
Il y a également la gamme qui vous indique si l’enfant a de la fièvre, et celle qui vous dit s’il fait trop froid à l’extérieur ! Il faut rappeler aux mamans que le danger peut être PARTOUT ! Qu'elles ne peuvent pas se débrouiller seules!

Le stagiaire, levant la main timidement : Excusez-moi, je peux vous poser une question ? non ? bon, tant pis, je la pose quand même… Mais en hiver aussi, à la montagne, il y a des UV dangereux, non ?

Le créatif : Ah oui, tiens, j’y avais pas pensé à ça… Mais je ne suis pas sûre qu’il soit très esthétique de mettre deux vignettes sur une combinaison…
Bon, et notre toute dernière trouvaille, parfaitement indispensable, qui vous dit si l’eau du bain est trop chaude…

Le stagiaire, souriant : Oh, ça je me souviens, ma maman elle mettait son coude dedans ! On avait un petit poisson thermomètre, aussi… (soupir nostalgique)


Le créatif, agacé : Et dernière information importante, cette technologie extraordinaire résiste à près de 25 lavages ! soit 3 mois entiers à raison de 2 lavages par semaine ! Bien sûr, ça ne marchera plus pour le passer à la petite sœur, mais il suffira d’en racheter un nouveau !

Les investisseurs, serrant la main du créatif et du responsable marketing : Merci, vraiment merci cher ami, c’est une idée extraordinaire, nous allons lancer ces produits au plus vite !

Hé Paulo, tu peux regarder la vignette du petit? Je crois qu'on s'est plantés...



Sans rancune, hein? Ils sont mimis comme vêtements quand même...

4 commentaires:

  1. C'est très drôle ! Mais en tant que créatif (oui, c'est mon vraie métier, désolée) je souhaite rejeter l'entièreté de la responsabilité sur "LES GENS DU MARKETING"!
    Les gens du marketing, c'est le mal, tout est toujours de leur faute, ils inventent des trukalakons et ils disent non aux créatifs, ce sont leurs seules fonctions...

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  2. VRAI métier, rectification, désolation...

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  3. Lol! Je te crois parfaitement! Le marketing c'est le mal! Alors que c'est beau de créer :-)

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  4. J'étais passée à côté ! zut!!

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