Préambule
n°1 : Parce qu’ici on n’a pas peur des défis et on vise la fidélisation de
la clientèle, nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle rubrique ! Youpi.
Des tests de produits pour bébés, vous en trouverez partout, sur tous les
blogs, tous les sites, tous les forums, tous les partout, c’est à croire
qu’internet a été inventé pour permettre aux mamans de choisir leur poussette
(mais comment faisait-on avant !) Mais comme je ne fais rien comme tout le
monde, j’ai décidé de vous offrir en exclusivité mondiale et interplanétaire le
premier anti-test produit. Ou
comment expliquer pourquoi nous n’avons PAS besoin de ce produit magique et
indispensable sans lequel aucune mère ne saurait être parfaite, aucun enfant
épanoui. Accrochez-vous, ça va dépoter.
Préambule
n°2 : Avant de jeter tout le contenu
de tes placards par la fenêtre ou de m’écrire des messages indignés sur le
thème « Mais enfin grognasse, tu connais rien à la life, moi je m’en sers
tous les jours de mon nettoyeur d’oreilles à ondes infrarouges, et je le
recommande à toutes celles qui m’entourent, c’est ce type d’objet qui fait
avancer la civilisation, comment oses-tu priver tes enfants de ce confort
essentiel sans lequel tu nous ramènes tous au Moyen-Âge ?!? »,
rappelle-toi que je suis de mauvaise foi. Je sais bien qu’il y a des tas de
gadgets qui nous changent la vie, qu’il faut remplir les listes de naissance,
donner aux grands-parents des occasions de dépenser leur retraite et faire
travailler les banquiers.
Et même s’il y a des jours où j’aimerais
vivre dans une yourte, nourrir mes enfants des légumes de mon potager et leur
confectionner des vêtements avec la peau de nos chèvres, en réalité, moi aussi,
j’en ai plein les tiroirs, des gadgets indispensables.
Mais j’en ai quand même un peu ras le pompon
des pubs, communications presse et autres discours qui nous expliquent qu’il
est impossible d’élever son enfant
sans tel ou tel produit, ou pire, qu’on fait du mal à notre enfant si on ne
l’utilise pas…
Les seules choses indispensables pour un
bébé, ce sont les bras de quelqu’un qui l’aime, de quoi le nourrir, l’habiller
et le faire dormir. Pour le reste, il y a des tas de choses pratiques,
ingénieuses, utiles, efficaces… mais pas indispensables.
Sache, lecteur,
que les soirs de semaine, à l’heure du
bain/repas/ménage/dépêche-toi-on-est-à-la-bourre, j’aime créer un environnement
audiovisuel intellectuel et stimulant pour permettre à mon cerveau de réfléchir
sur des grandes problématiques de société. Bref, je regardais 100% mag.
Et
j’ai entendu que l’on parlait de cette marque dont j’avais déjà lu des
nouvelles ici et là : Mysenses. Pour ceux du fond qui n’écoutaient pas, il
s’agit d’une marque de vêtements pour bébés avec étiquette magique.
Non
non, pas une étiquette que les bébés n’aimeraient pas mâchouiller, ni une
étiquette qui ne gratte pas dans le cou (la technologie n’est pas assez avancée
pour ça.)
Non,
c’est une petite vignette apposée sur le vêtement et qui, selon le cas, vous
indique s’il y a trop de soleil dehors, s’il fait trop froid, si l’eau du bain
est trop chaude, ou si le bébé a de la fièvre. Une sorte de flux RSS pour bébé,
quoi, toujours à la pointe de l’information.
En
voyant ça, mon imagination s’est mise à vagabonder :
Décor :
un bureau gris et blanc, tout en haut d’une tour, avec baie vitrée et vue sur
Manhattan (oui, toute ma connaissance du fonctionnement des entreprises vient
des films américains, et alors !)
Personnages :
Un créatif, un responsable du marketing, un stagiaire (candide), des
investisseurs (à l’écoute)
Le
responsable marketing : Bonjour tout le monde. Nous vous avons réuni
aujourd’hui pour préparer le lancement de notre nouveau projet : une
marque de vêtements pour bébés ! (applaudissements).
Le
stagiaire : Ah, ça c’est chouette, ça… nan parce qu’il y en a pas beaucoup
en plus…
Le
responsable marketing : Afin de nous positionner en leader sur ce marché
très concurrentiel, il nous faut nous démarquer. Stagiaire ! Quels sont
les atouts de nos produits ?
Le
stagiaire, bafouillant : Alors, euh, on a fait appel à des designers et…
les vêtements sont jolis… et puis solides, aussi, confortables… c’est
important, ça, confortables…
Le
responsable marketing : Certes certes, mais cela ne suffit pas… Créatif,
nous vous écoutons.
Le
créatif : Mes chers investisseurs, nous avons longuement réfléchi. Nous
avons déjà depuis longtemps l’habitude d’effrayer les mamans pour les faire
dépenser leur argent. Nous leur avons fait peur du BPA pour qu’elles achètent
des biberons et des assiettes, peur du vélo pour qu’elles achètent des casques,
peur des OGM pour qu’elles achètent des
petits pots bio… De quoi pouvions-nous bien leur faire encore peur ?!?
Le
responsable marketing : et c’est là que monsieur (sourire modeste) a eu
une idée de génie !
Le
créatif : oh, merci cher ami. Voilà, je me suis dit : et si nous leur
faisions peur… des éléments naturels ? L’air, l’eau ? Voilà quelque
chose à quoi on ne peut pas échapper ! C’est ainsi que nous avons
développé notre gamme de vêtements qui vous indiquent quand il fait trop chaud…
Le
stagiaire : Oh, c’est drôle ! Ah, pardon… ce n’est pas une
blague ? Mais, euh, quand il fait chaud, ben… on sent bien qu’il fait
chaud, non ?
Le
créatif, lui faisant signe de se taire : Oui oui… cette vignette
indispensable vous indique surtout quand il y a trop d’UV dangereux pour la
fragile peau de vos enfants…
Il y
a également la gamme qui vous indique si l’enfant a de la fièvre, et celle qui
vous dit s’il fait trop froid à l’extérieur ! Il faut rappeler aux mamans
que le danger peut être PARTOUT ! Qu'elles ne peuvent pas se débrouiller seules!
Le
stagiaire, levant la main timidement : Excusez-moi, je peux vous poser une
question ? non ? bon, tant pis, je la pose quand même… Mais en hiver
aussi, à la montagne, il y a des UV dangereux, non ?
Le
créatif : Ah oui, tiens, j’y avais pas pensé à ça… Mais je ne suis pas
sûre qu’il soit très esthétique de mettre deux vignettes sur une combinaison…
Bon,
et notre toute dernière trouvaille, parfaitement indispensable, qui vous dit si
l’eau du bain est trop chaude…
Le
stagiaire, souriant : Oh, ça je me souviens, ma maman elle mettait son
coude dedans ! On avait un petit poisson thermomètre, aussi… (soupir
nostalgique)
Le
créatif, agacé : Et dernière information importante, cette technologie
extraordinaire résiste à près de 25 lavages ! soit 3 mois entiers à raison
de 2 lavages par semaine ! Bien sûr, ça ne marchera plus pour le passer à
la petite sœur, mais il suffira d’en racheter un nouveau !
Les
investisseurs, serrant la main du créatif et du responsable marketing :
Merci, vraiment merci cher ami, c’est une idée extraordinaire, nous allons lancer
ces produits au plus vite !
Hé Paulo, tu peux regarder la vignette du petit? Je crois qu'on s'est plantés... |
Sans rancune, hein? Ils sont mimis comme vêtements quand même...
C'est très drôle ! Mais en tant que créatif (oui, c'est mon vraie métier, désolée) je souhaite rejeter l'entièreté de la responsabilité sur "LES GENS DU MARKETING"!
RépondreSupprimerLes gens du marketing, c'est le mal, tout est toujours de leur faute, ils inventent des trukalakons et ils disent non aux créatifs, ce sont leurs seules fonctions...
VRAI métier, rectification, désolation...
RépondreSupprimerLol! Je te crois parfaitement! Le marketing c'est le mal! Alors que c'est beau de créer :-)
RépondreSupprimerJ'étais passée à côté ! zut!!
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