jeudi 14 juillet 2016

Et si j'étais nullipare...?


J’ai lu il y a quelques jours un article qui parle des mères qui regrettent d’avoir eu des enfants. Une scientifique a posé à ces mères la question suivante : « Si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, avec la connaissance et l’expérience que vous avez aujourd’hui, seriez-vous une mère ? »

Évidemment, et même si elle terrorise, on ne peut pas s’empêcher de se poser la question. Et certains soirs, après une journée de vacances sous le cagnard à pousser un enfant hurlant sur un toboggan rouillé, suivie d’une soirée à forcer un préado insolent à faire les exercices de son Passeport CM2, quand on se prend les pieds dans un slip sale et une serviette mouillée sur le chemin du lit à 22h32, on se prend à se demander comment on en est arrivée là.
J’ai plutôt tendance à trouver ça assez cool d’avoir fabriqué des êtres humains. Mais ça n’empêche pas de penser à tous les rêves, le fric, les aventures et la peau du ventre lisse auxquels on a dû renoncer…
Je m’imagine dans un film hollywoodien (jouée par Jamie Lee Curtis ou Kate Winslet… Ben oui tant qu’on rêve, faut pas se limiter). Je tomberais sur un biscuit chinois magique, et je verrais à quoi ressemblerait ma vie si je n’avais pas rencontré ce jeune boutonneux à la fête foraine il y a 12 ans… (C’est une longue histoire… mais il est beaucoup plus beau aujourd’hui !)… et si on n’avait pas décidé de fabriquer 3 princesses rebelles d’affilée.
J’imagine même la lettre qu’elle (enfin, moi) pourrait m’écrire pour me raconter sa vie de nullipare de 37 ans… (oui bon, j’ai 37 ans, on n’est pas obligés de le crier sur tous les toits non plus.)

« Salut ma vieille !
Désolée si je t’appelle comme ça, hein, je déconne. Mais bon, faut être honnête, j’ai vu tes photos sur facebook (entre 15 photos de tes filles, évidemment… du coup j’ai arrêté de te suivre, hein, les grandes réflexions philosophiques à 2 balles de morveuses de moins de 8 ans devant lesquelles tout le monde s’extasie, ça a fini par me soûler un brin). Qu’est-ce qui t’est arrivé, ma pauvre ? C’est quoi ces cernes sur toutes les photos ? Et t’as pris combien ? On n’a jamais été minces, mais là, t’as bien pris 15 kilos, non ? Quand ton dernier a plus de 2 ans, on appelle encore ça des kilos de grossesse ? M’en veux pas, il est encore temps de te reprendre, tu sais.
J’ai aussi vu que tu cherchais à acheter un appart ? Ou une maison, peut-être ? Tu rêves d’un petit pavillon avec du géranium aux fenêtres pour passer tes vieux jours ? Je te charrie, je sais bien que tu n’es pas la seule, j’imagine qu’à notre âge, c’est ce qui se fait. Je devrais faire comme toi, d’ailleurs, maman n’arrête pas de me le dire. Histoire de mettre de l’argent de côté. Je sais qu’elle a raison, mais je ne peux pas m’en empêcher, mon argent, je préfère le dépenser. Comme je suis toute seule, je suis plutôt à l’aise financièrement, et je voyage tout le temps.
Comme j’ai pu partir en stage longue durée à l’étranger à la fin de mes études (forcément, toi tu as renoncé, puisque tu venais de rencontrer ton prince charmant…), j’ai rencontré pas mal de gens intéressants, et puis c’est pratique, professionnellement parlant, d’être mobile. Du coup aujourd’hui j’ai un poste à responsabilités plutôt pas mal, je change de pays tous les 3 ou 4 ans, je visite toutes les régions du monde… Tu as dû voir ça sur mon facebook aussi, d’ailleurs, non ? Évidemment j’ai encore beaucoup de rêves à réaliser, mais c’est vrai que quand on est seule et libre c’est plus facile !  J’ai aussi passé mon diplôme pour être prof de yoga, et je fais partie d’une troupe de théâtre. J’en ai besoin pour mon équilibre, vraiment, je ne pourrais pas m’en passer.
Sans compter que je ne sais pas comment tu fais pour te contenter d’un seul homme à vie, mais c’est quand même pas mal de pouvoir varier les plaisirs… Non, faut pas croire, je ne cours pas le guilledou, enfin, plus maintenant. Vers 25 ans je me suis bien amusée, maintenant, ça dépend des rencontres… J’ai eu quelques longues histoires, enfin, quelques mois, une fois plus de deux ans… Mais je n’ai pas envie de me poser, après on est obligés de faire des compromis et je n’ai pas envie de ça.

Il faut quand même que je te dise une chose… Tout ce que je te raconte est vrai, ma vie est plutôt chouette. Mais en réalité, je les aime bien, tes photos. Tes filles sont à croquer. Et si parfois je refuse de les regarder, ce n’est pas parce que j’en ai assez, mais parce que j’ai le cœur qui se serre quand je croise une poussette. Je gagatise devant les bébés, je regarde passer les familles et parfois je me sens seule. Je suis la tata cool avec qui on peut manger du Nutella à la cuillère en regardant des dessins animés après le dîner, mais ça ne suffit pas toujours. J’aimerais bien trouver un homme qui soit là pour m’écouter quand j’ai un coup de blues, aussi. Qui m’apporte du bouillon quand j’ai la grippe. Oui, j’ai des rêves de midinette. Je ne sais toujours pas si j’aurai des enfants un jour, et ça me fait peur. Alors oui, j’aime ma vie, mais la tienne me fait aussi rêver.

Je sais que certains soirs tu rêves de tout plaquer et de partir seule à l’autre bout du monde, cheveux au vent… et je te comprends, vraiment. Mais ces soirs-là, rappelle-toi qu’il y en a plein qui rêvent de ce que tu as…
Des bises,

Toi nullipare. »

Et vous, vous y pensez parfois, à ce qu’aurait été votre vie sans enfants ?

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