Chers amis et néanmoins lecteurs
En cette période de fêtes et de générosité, j’ai décidé de vous faire un cadeau que je crois inestimable.
Il y a 3 ans et demi, j’ai eu la chance et le bonheur de devenir la mère d’un Mogwaï de sexe féminin. Evidemment, ce n’est qu’environ deux ans plus tard que j’ai pu commencer à mesurer avec exactitude la puissance de sa nature de Mogwaï. Je suis donc désormais, après bientôt 2 ans d’expérience, experte reconnue mondialement en dressage de Mogwaï.
Soupçonnant que je ne dois pas être la seule propriétaire de Mogwaï à avoir erré sur Internet, hagarde, aux petites heures de la nuit, à la recherche d’une solution miracle, d’une idée, n’importe quoi, pour retrouver le calme des douces nuits de ma jeunesse, et désireuse de partager avec vous le fruit de centaines de nuits agitées, je vous livre donc aujourd’hui, en exclusivité mondiale, le
MODE D’EMPLOI DU MOGWAÏ
Ou : tu vas dormir bordel !
Avant d’attaquer le cœur du sujet, quelques précisions.
Un Mogwaï, vous le savez sûrement, est un petit être pelucheux et tendre, qui vous fait fondre le cœur avec ses grands yeux humides, et vous fait rire de ses innombrables facéties. Par exemple, ma Mogwaï à moi, la journée, c’est un ange, qui rit, aide sa maman, joue sagement avec ses petits amis lapins, et ne fait presque jamais de caprices.
l'est chou, hein?
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Puis vient la nuit. Au coucher du soleil (oui, normalement c’est à minuit, mais la mienne prend de l’avance), l’adorable Mogwaï se transforme en monstre bavant, hurleur et hoquetant. Et ses parents en zombies grogneurs. Ces simples mots « Il est l’heure d’aller se coucher » suffisent à transformer votre adorable enfat en imitateur de la scène de l’Exorciste. En pire.
Attention, je ne vous parle pas de ces mignons petits enfants qui se couchent en sentant l’eau de Cologne et se relèvent 3 fois, enroulés dans leur couverture et les yeux ensommeillés, pour demander « un-bisou-un-pipi-de-l’eau », et qui retournent au lit après que Papa a fait les gros yeux.
Non.
Les propriétaires de Mogwaï le savent, nous entrons ici dans un territoire parallèle, peuplé de hontes (car le Mogwaï est évidemment au sommet de son art lorsque vous avez des invités), d’exaspération, de désespoir (« Mais pourquoi elle fait çaaaaa ? Qu’est-ce que j’ai loupé bordel ?!? Je suis une mauvaise mère ! »), d’espoirs déçus (« Oh écoute, ça y est, elle dort… ah en fait non») » d’angoisses mystiques («Je me lève demain à 6 heures, pitié mon Dieu, faites qu’aujourd’hui au moins elle dorme !»), de couples au bord de la rupture (« Mais pourquoi tu as tiré la chasse, abruti ! tu l’as réveillée !»), enfin de tout un tas de joyeusetés.
Il existe de multiples façons de faire avec un Mogwaï. En voici quelques-unes.
NDA : Il est bien entendu qu’aucune des techniques décrites ci-dessous ne fonctionne réellement. Mais au moins, ça vous permettra de passer le temps en attendant des jours meilleurs…
Technique n°1 : Le hurlement
Si je note cette technique en premier, c’est pour nous en débarrasser vite fait ; au moment du coucher, gronder et hurler, ça a pour seul effet d’augmenter le niveau sonore de la maisonnée et de pousser les voisins à appeler les flics ou la DDASS, au choix.
Ce n’est pas vraiment une technique, c’est juste qu’il y a des moments où on n’est plus tellement capable de faire autre chose.
Taux d’efficacité : 10%. A court terme, effrayé et épuisé par les hurlements en stéréo, il peut arriver que l’enfant s’endorme. Mais sur le long terme, les jours suivants, le Mogwaï risque de commencer à hurler dès l’heure de l’apéro… Côté parent, ça défoule sur le moment, c’est sûr, mais avec un stress qui explose, on risque de se mettre à hurler sur tout ce qui nous tombe sous la main : le chat, la poignée de porte qui ferme pas, la télé… et de préférence le conjoint.
Technique n°2 : Le bourrage de crâne
Voici une technique nettement moins violente, mais qui demande une concentration de tous les instants. Il s’agit, tel un gourou qui essaye de vous convaincre que signer ce chèque tout en tournant autour du champignon magique et en récitant 10 fois « oulala oumama » fera revenir l’être aimé, de reprogrammer l’enfant.
Il n’aime pas se coucher, nous allons donc occuper chaque seconde de la journée à tenter de le convaincre que dormir est une activité réjouissante (ce dont, personnellement et après 7 nuits de 3 heures, nous sommes parfaitement convaincus).
Il n’aime pas se coucher, nous allons donc occuper chaque seconde de la journée à tenter de le convaincre que dormir est une activité réjouissante (ce dont, personnellement et après 7 nuits de 3 heures, nous sommes parfaitement convaincus).
Ainsi, nous passerons notre journée à dire en boucle :
- « et il est joli ton lit hein ? et la jolie couette que ta jolie mamie t’a achetée dans le joli magasin, elle est jolie ? » (objectif : apprivoiser le lieu)
- « et la boulangère, elle fait dodo où ? Dans son lit ! et Papi il fait dodo où ? Dans son lit ! et le chauffeur du métro il fait dodo où ? Dans son lit ! Et Petit Nours Marron il fait dodo où ? Dans son lit ! tout seul comme un grand ! et toi aussi tu fais dodo dans ton lit tout seul comme un grand Mogwaï ! » (appel à l’instinct de conformisme et à l’imitation des modèles)
- « Oh, tu fais pipi tout seul dans le pot, c’est parce que tu es gran ! et tu dessines très bien cette patate ce bonhomme, c’est parce que tu es grand! Oh regarde, lui c’est un bébé, et toi tu es quoi ? grand! et les grands ça fait dodo où… ? » (valorisation, voire flatterie. A ce stade, votre Mogwaï risque quand même de commencer à vous voir venir)
Taux d’efficacité : 20%. Le problème, c’est que c’est à votre gentil enfant frais et doux que vous racontez tout ça. Il répétera docilement vos leçons, l’air parfaitement convaincu, et vous vous direz « Mais c’est tellement simple ! Mamie, vous voyez bien qu’il ne sert à rien d’être sévère, les enfants comprennent quand on leur explique! »
Mais le monstre hurleur qui naît à la tombée de la nuit ne communique que très imparfaitement avec votre mignon enfant raisonnable, et dans ces moments-là il est quand même plutôt complètement sourd à la logique.
Que cela ne vous empêche pas de continuer ; apprivoiser le Mogwaï est un travail de longue haleine, et à force de répétition, il y a des chances que le message finisse doucement par rentrer.
Technique n°3 : Le baratin
Non non, ne vous en défendez pas, nous le faisons tous. Il est à la fois grisant et effrayant de constater que nos enfants placent en nous une confiance aveugle. Et donc, oui, on en profite. En cas d’extrême urgence uniquement (comme dire que non, il n’y a plus du tout de bonbons dans la boîte, et oui, je te jure, c’est une tarte aux poireaux avec du chocolat à l’intérieur. Attention, à un moment, ça devient cruel. Mais c’est si bon d’être un démiurge.)
Il existe différents baratins propres au parent de Mogwaï qui se couche :
- la peluche magique : dotée de pouvoirs surnaturels, elle défendra le Mogwaï
contre les monstres (difficile à imaginer pour nous, puisque pour l’instant, le monstre, c’est plutôt lui, mais bon…)
- le marchand de sable : parce qu’à 3 ans, votre Mogwaï peut encore apprécier les
- le marchand de sable : parce qu’à 3 ans, votre Mogwaï peut encore apprécier les
dessins animés en noir et blanc, et que c’est dans les vieux pots… tout ça, un petit coup de « Bonne nuit les petits » avant de se coucher et de « Attention, si tu pleures, tu vas faire peur au marchand de sable ».
Les yeux fixés sur le plafond, à l’écoute du « pom pom pom » de Nounours, votre Mogwaï devrait tomber de sommeil tout seul… Car étrangement, les monstres ça lui fait peur, mais l’idée qu’un type accompagné d’un ours entre dans sa chambre pour lui balancer du sable sur la tronche, non.
- la technique du verre d’eau : celle-ci est assez perverse, il faut le reconnaître, et
j’ai un peu honte de la pratiquer, mais il faut reconnaître que ça marche pas trop mal. Et j’en suis désolée, mais mon sens moral est inversement proportionnel à mon degré de fatigue…
Il s’agit de dire à votre Mogwaï : « Tu ne bouges pas, hein ? Je vais te chercher un verre d’eau, et je reviens tout de suite te l’apporter. » Et de ne pas revenir, donc. Oui, c’est cruel (et si vous avez mal calculé votre coup, vous risquez de vous retrouver avec des hurlements démultipliés). Mais cela permet à votre enfant de rester calme 5 minutes, à vous attendre, ce qui donne au sommeil qui le guettait depuis 2 heures l’opportunité d’enfin l’attraper et l’assommer pour la nuit.
Taux d’efficacité : 40%. Le baratin, c’est plutôt pas mal pour le Mogwaï de base, les soirs normaux, quand il est crevé et qu’il a juste besoin de 3 secondes à ne pas hurler pour s’écrouler de sommeil. Inutile de tenter de le raisonner, il n’est pas en état. Alors il ne s’agit pas vraiment de lui mentir, hein, juste de faire diversion… Et puis… c’est pour son bien…
Technique n°4 : Le camping (ou : IPhone mon ami)
Partant du constat : mon Mogwaï refuse de rester seul dans son lit – et du principe : non, il ne dormira pas avec nous, c’est hors de question – il vous vient un jour une idée (enfin, un soir, plutôt. Tard.) : et si je restais à côté du Mogwaï jusqu’à ce qu’il s’endorme ! Après tout, il est crevé, ça devrait pas prendre tant de temps que ça. Puis ce n’est pas aller contre mes principes, hein ? Ben non, puisqu’il dort dans son lit !
Comme pour la technique précédente, il s’agit de contourner le risque de crise pour que le Mogwaï se fasse choper par le sommeil dans une seconde d’inattention. Vous voilà donc assise par terre, un cheval playmobil sous la fesse gauche, éventuellement la main du Mogwaï dans la vôtre… à attendre qu’il s’endorme.
D’abord, le Mogwaï essaye de faire la conversation. « Chut ! maintenant tu dors ! oui je suis là mais je ne te réponds plus ! » Avec un peu de chance, il finit par se taire au bout de quelques minutes, et vous, vous restez là, les yeux fixés sur les rideaux à imaginer des formes dans les motifs (« mais euh… c’est vrai que c’est flippant en fait ! »)
C’est là que votre Itéléphone, votre Mûre ou n’importe quel téléphone intelligent deviendra votre meilleur ami ; parce que même si ce n’est que 10 minutes (oh heureuse veinarde), 10 minutes assise seule dans le noir, c’est long. Alors qu’à jouer à Angry Birds (sans le son, hein), à la réussite, ou à lire des VDM, c’est mieux.
Pendant 10 minutes donc, vous avez soigneusement fait attention à ne pas croiser le regard du Mogwaï, histoire de ne pas susciter un malencontreux sursaut d’énergie. La chambre est silencieuse, le souffle du Mogwaï semble ralenti et apaisé. Vous tournez trèèèèèèèèèès lentement la tête, façon créature de Frankenstein, pour l’observer : ses yeux sont fermés, ses lèvres entrouvertes et bavantes. Vous dégagez votre main de la sienne avec mille précautions, vous vous prenez pour Harry Potter essayant de ne pas réveiller le chien à trois têtes. Vous vous levez, vous mordez les lèvres pour ne pas hurler au moment où vous marchez sur la tête du cheval Playmobil, quand…
« Maman ? » (voix geignarde)
« Putain ! »
« Il faut pas dire putain maman ! »
…
Là, vous pouvez recommencer au début.
Taux d’efficacité : 50%. Il faut reconnaître que, avec suffisamment de patience et d’applications Smartphone, le but est assez rapidement atteint : le Mogwaï dort. (Même s’il y aura toujours des soirs où rien n’y fera…)
Avantage accessoire : généralement, à la fin du rituel, si c’est le papa qui s’en est occupé, il dort également, et vous avez toute une soirée peinarde (hormis le moment où il faudra transporter le papa du tapis Oui Oui jusqu’à la couche conjugale. Mais vous pouvez le laisser là, aussi, hein.)
Evidemment, il reste des buts secondaires du genre faire un vrai dîner, passer une soirée en tête-à-tête avec son amoureux, qui passent un peu à la trappe. Mais on n’avait pas dit que vous pourriez avoir une vie en plus, non mais des fois…
Donc, sur le long terme, ce n’est pas la technique idéale. Mais, soyons positifs, cela peut aussi être une étape vers le coucher autonome du Mogwaï, que l’on peut rassurer, en écoutant avec lui les bruits de la nuit…
Technique n°5 : Le snober
Dans votre désespoir, vous vous êtes alors tournés vers les spécialistes de la petite enfance : votre pédiatre, les pédopsys, votre tante, SuperNanny. Et là, vous avez lu/entendu :
« C’est parce qu’il cherche à attirer votre attention ! Ignorez-le et il ira se coucher de lui-même, quand il verra que vous ne lui répondez pas ! »
Bien.
Je rappelle tout d’abord que ma Mogwaï personnelle a 3 ans et demi (fait la Mogwaï depuis ses deux ans environ), une petite sœur, et que donc elle a un lit de grand. Sans barreaux. Déjà, même si elle avait des barreaux, la laisser hurler des heures dans son lit (non, ce n’est pas une image. Des heures. Comme dans : plusieurs heures), je peux le faire, mais Namour et moi, c’est pas exactement comme ça qu’on imagine nos soirées peinardes après le boulot.
Mais elle est donc dans un lit sans barreaux. Dont elle peut se lever très facilement. Que SuperNanny m’explique donc comment je fais pour ignorer un enfant qui, à l’heure de se coucher (et 3 heures après cette heure-là, aussi), vient vous hurler dans le tympan droit :
« ZE VEUX PAS FAIRE DODOOOOO !»
(oui, j’avais un peu compris, en fait.)
Ou qui vient, avec la discrétion du rhinocéros, s’asseoir à côté de votre fauteuil pendant que vous essayez de regarder le dernier épisode de la saison 6 de Dexter (ah ben là en même temps t’auras des raisons de faire des cauchemars …)
Il resterait la possibilité de fermer la porte (de la chambre, du couloir, du salon, selon la configuration de votre chez-vous). Je ne mentirai pas, je suis ici pour confesser tous mes péchés, j’ai déjà essayé, de fermer la porte. Les parents de Mogwaï le savent : en désespoir de cause, on est prêt à essayer beaucoup de choses.
Je sais, en tant que mère, c’est mon devoir sacré de traumatiser mon enfant afin qu’il puisse sainement se rebeller à l’adolescence et me faire des reproches à l’âge adulte. C’est le cycle de la vie. Mais enfermer un enfant de 2-3 ans le soir, j’avoue que c’est un peu costaud à mon goût, comme traumatisme. Sans compter qu’à entendre hurler derrière la porte du salon « MAMAN JE T’AIME JE VEUX UN CÂLIN », entrecoupé de sanglots, on ne sait pas lequel de l’enfant ou des parents finit le plus traumatisé. Et en plus ça empêche d’entendre la télé.
Taux d’efficacité : 5%. Un Mogwaï peut avoir une endurance assez exceptionnelle. Oui, parfois, au début, ça peut marcher, mais les minutes de hurlements sont quand même particulièrement éprouvantes. Et puis au bout d’un moment ça ne marche plus. Parce qu’on peut se plaindre, mais le Mogwaï ne fait – généralement – pas ça pour emmerder son monde. Disons pas tout le temps. Et réussir à se calmer soi-même tout seul pour aller se coucher, c’est un gros travail pour un tout petit Mogwaï.
Et paradoxalement, de laisser crier, ça n’arrange pas nécessairement le problème avec le temps. Ca fait juste fait que l’heure du coucher devient redoutée par tous, parents comme Mogwaï. Ce n’est pas pour autant, évidemment, qu’il faut systématiquement recourir à la technique n°6…
Technique n°6 : Le portnawak
Personne ne vous en blâmera, et surtout pas moi : à un moment, vous êtes devenus monomaniaque. Dans votre tête un seul mot tournait sans cesse, brillant en lettres d’or : DORMIR. Vous rêviez (éveillée, évidemment) d’édredons moelleux parfumés au jasmin, de musique douce et de réveil au chant des pinsons. De longues soirées au coin du feu à écouter les bûches crépiter. Bref, vous vouliez LA PAIX.
Et on est prêts à faire bien des concessions, pour obtenir la paix.
Tu veux dormir dans le transat de la petite sœur ? Par terre dans la chambre de Papa et Maman ? Sur le canapé ? Sur le tapis ? Et bien vas-y ! Au moins tu dormiras… Et c’est Papa qui se cassera le dos à te ramener dans ton lit à 1 heure du matin
« Il a besoin d’être rassuré, et puis, à 18 ans il saura bien dormir dans son lit, essayons de faire les choses en douceur. »
(Note : dans ce cas-là, toujours attendre que le Mogwaï soit dans sa phase de sommeil profond pour le ramener dans son lit, afin de ne pas le réveiller et avoir à tout reprendre depuis le début.)
Taux d’efficacité : 30%. Encore une fois, sur le court terme, c’est plutôt efficace : le Mogwaï se calme, et parfois il dort. Mais ça ne résout pas grand-chose pour apprendre à s’endormir seul.
En réalité, la technique du portnawak ne fonctionne pas toujours : même dans le lit de papa maman, ou sur le tapis, ou dans le panier du chien (oui, parfois c’est ce que demande le Mogwaï), il arrive que le Mogwaï ne s’endorme ni ne se calme. Parce qu’il n’est pas fatigué, ou parce que le problème est ailleurs…
Technique n°7 : Compter sur la fatigue
Cette technique, c’est ma Mogwaï à moi qui me l’a soufflée, un soir d’été, où je n’avais pas tenté de la coucher parce qu’elle était entourée de cousins et de jouets et que je sais reconnaître quand je ne suis pas la plus forte. (Et qu’étant moi-même entourée de cousins, de jeux de cartes et de bières, je n’étais pas forcément super motivée).
J’étais donc en train d’ignorer consciencieusement tous mes devoirs de mère, quand ma Mogwaï s’est dirigée vers moi, (« Hein quoi, comment ça « maman » ? Ah oui, c’est moi ! »)
« Je suis fatiguée, je voudrais aller me coucher. »
HEIN ?!? Mais ils mettent quoi, dans leurs bières ?!?
Non, non, je ne rêvais pas. Cette même Mogwaï que j’avais déjà vu demander à jouer aux cubes à 2 heures du matin, me demandait à se coucher. Sans piper mot – on n’interroge pas les miracles – je l’ai pyjamatée, histoirée, bisoutée, je suis retournée dans le salon, silencieuse, l’oreille tendue, à l’écoute du hurlement si familier qu’il me semblait déjà l’entendre. Mais non.
5 minutes plus tard, toujours incrédule, j’entrouvre la porte : la Mogwaï ronfle.
C’était donc si simple que ça ? Il fallait qu’elle soit fatiguée ?!?
Après m’être frappée le crâne contre le mur deux-trois fois pour prix de ma bêtise, hop là, toute guillerette, je suis partie me coucher l’âme apaisée, mon problème enfin résolu.
Nous avons donc fonctionné de cette façon-là jusqu’à la fin des vacances. « Tu me dis quand tu es fatiguée » et zou, au lit.
Et nous vécûmes heureux jusqu’à la fin du monde, lon la.
Taux d’efficacité : 60%. Pas si vite. Il est certain que cette méthode a des tas d’avantages, pour un Mogwaï un peu angoissé. Il se rappelle que ce n’est pas QUE pour se débarrasser de lui que Papa et Maman l’envoient au lit le soir (même si un peu, reconnaissons-le…), mais aussi que dormir, ça fait du bien. Il est à l’écoute des besoins de son corps, et est rassuré de prendre en main le moment où il ira se coucher. En vacances, quand le Mogwaï a passé sa journée à courir/nager/se marrer/jouer, ça fonctionne même plutôt très bien : à l’heure prévue du coucher, le Mogwaï est rincé, s’écroule tout seul, n’a pas l’énergie de s’énerver, et Maman peut tranquillement retourner à son pastaga.
Mais tout a une fin, et ce serait quand même un peu trop beau. Certes, la fatigue peut assommer le Mogwaï, mais elle peut aussi l’énerver encore plus, certains soirs, pour peu qu’il y ait un peu de stress dans l’air.
Et de retour à la maison, après avoir passé la journée à regarder « Petit Nours Marron mange sa soupe » et à avaler des bols de chocolat chaud parce que Papa rangeait et Maman travaillait (ou l’inverse, on est équitables chez nous) et qu’il sait remettre tout seul le DVD au début, on peut toujours dire au Mogwaï « tu me dis quand tu es fatigué », à 1h du mat’ il tient encore. Papa et Maman moins (et dire que c’est l’heure à laquelle je me préparais pour sortir le soir il y a encore 3 ans… soupir… syndrome de la mère de famille…)
On pourra quand même se motiver à sortir le Mogwaï ou à lui faire monter et descendre 5 fois les escaliers avant de rentrer goûter – ça peut pas lui faire de mal de se dépenser, hein. Disons qu’un Mogwaï qui a passé une bonne journée et qui a un peu bougé a des chances d’aller se coucher plus volontiers que s’il a passé la journée à tourner en rond.
Mais y a des jours où on ne peut pas faire autrement, des jours de déclaration d’impôts, de pluie dehors et de truc à préparer absolument pour demain où on n’a pas que ça à faire, d’épuiser le Mogwaï. C’est pas bien grave, et puis c’est bien, qu’il ait le temps de se raconter des histoires dans sa tête…
Par ailleurs, même s’il est important que le Mogwaï apprenne à reconnaître en lui les symptômes de la fatigue, faudrait quand même pas qu’il oublie que c’est Maman (et Papa, mais oui) qui décide, et que si c’est l’heure c’est l’heure…
Technique n°8 : Dans ta chambre !
Un jour, un sage m’a dit : « On peut obliger un enfant à rester dans sa chambre, mais on ne peut pas l’obliger à dormir. » Et, couplé à la méthode précédente, ça a fait tilt dans ma tête : c’est vrai, on ne peut obliger personne à dormir, déjà qu’en mes soirs d’insomnie, je n’arrive pas à m’y obliger moi-même…
Mais ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi, justement. Alors tout tranquillement, on est passés à « Tu restes dans ta chambre, tu peux jouer sans faire de bruit ou lire un petit livre, et tu me dis quand tu veux que j’éteigne la lumière. » (encore mieux si le Mogwaï peut éteindre la lumière tout seul, mais chez nous c’est mal fichu.)
Ça permet de répondre au « JE VEUX PAS FAIRE DODOOOOOO » : « Mais tu n’es pas obligée de faire dodo, je veux juste que tu restes dans ta chambre. »
On l’ignore, un peu. On lui lâche la grappe. Et lui, tout étonné de voir qu’on n’y tient pas tant que ça, à son sommeil (enfin si, on y tient, mais on est bon comédien…), il n’a plus tellement moyen de nous faire du chantage à la soirée pourrie…
Taux d’efficacité : 80%. Ça ne résout pas tout, non, mais ça calme tout le monde… et hormis certains soirs où rien ne va, où l’on a l’impression que l’on repart à zéro, qu’on y arrivera jamais… on se détend, doucement, et on essaie de profiter des moments où ça va bien.
Conclusion
A toi, cher compagnon de misère propriétaire de Mogwaï, mais aussi à toi, donc les enfants dorment comme des anges (mais t’en feront baver d’une autre façon, ne t’inquiète pas), merci de m’avoir lu.
J’espère que mes techniques inefficaces mais distrayantes vous auront inspirés. Si vous en avez d’autres, surtout n’hésitez pas à me les communiquer... Le remède miracle est sûrement là, quelque part... A nous tous, un jour, nous le trouverons…
J’espère que mes techniques inefficaces mais distrayantes vous auront inspirés. Si vous en avez d’autres, surtout n’hésitez pas à me les communiquer... Le remède miracle est sûrement là, quelque part... A nous tous, un jour, nous le trouverons…
En attendant, profitez de vos nuits blanches, regardez des films, bouquinez, ou faites un blog, tiens. Faut bien que ça serve à quelque chose.
(et si j’écris n’importe quoi parfois, dites-vous que c’est à cause du manque de sommeil…)
Bises et bonne nuit.
Voici mon commentaire suite au dernier article du blog (tu devrai d'ailleurs partager le lien de ton blog sur ton mur...) : Sur mes 4 marmots (je rêverai que ce soit des marmottes !), je n'ai qu'un mogwaï... Nous avons aussi tout essayé... en vain !
RépondreSupprimerCe mogwaï reste aussi dans sa chambre qui est maintenant dotée de murs repeints au feutre (mais qui a laissé cet enfant monter avec un feutre ???), de mouchoirs atomisées, de puzzles mélangés... Ben, quoi ? Il faut bien s'occuper en attendant de dormir !
Tout pareil que Marion, sauf que je n'ai que trois marmot dont un Mogwaï.
RépondreSupprimerSinon j'ai aussi un spécimen hors du commun : le soir il va se coucher tout seul, sans râler. Même que si on est chez des gens, vers 20 h il vient nous voir : "On rentre ? dodo."
Commentaire de Charles Ingalls : "On peut l'adopter?"
RépondreSupprimerMerci de m'avoir -encore- fait rire... Sinon pour mon fils il est effectivement facile le soir. Quant à la journée, ben, disons qu'il y a comme une raison logique qu'il soit si fatigué lorsque la nuit tombe...
RépondreSupprimerJ'adore !! C'est une amie qui a mis le lien sur un forum. Je suis une ancienne proprio de Mogwais, ancienne car maintenant ils ont quitté la première enveloppe de Mogwai pour passer à l'âge supérieur ;)
RépondreSupprimermerci beaucoup pour ta plume et ton humour. oui oui, moi aussi je suis passée par là, rien de comparable avec ton vrai mogwai, les miens n'étaient que de vagues copies, surement de vraies contre-façons de mogwai"marque déposée"
RépondreSupprimervraiment super article.
laetitia
J'adore! Mes puces ont toutes deux eu des passages mogwai avec aussi, tu sais, le greemlins qui réveille le mogwai, c'est encore plus drôle. Quand l'ainée réveille sa soeur que j'ai mis 30 min à coucher (endormir quoi), je pique une colère noire, on sent que c'est moi le greemlins.
RépondreSupprimerJ'adore ton article!! Tellement ça (même si chez nous, les taux d'efficacité (surtout les hauts) ne sont pas au RDV... ) Je viens justement de poster un article sur ce sujet épuisant, euh non, je voulais dire épineux!
RépondreSupprimerDur, dur ,d'avoir un Mogwai en tout cas, même s'ils sont adorables par ailleurs.